Noyer - Bourgeon Bio - Gemmothérapie
Quelle place pour les plantes dans les maladies intestinales fonctionnelles et inflammatoires ?
Les maladies intestinales sont souvent complexes à traiter. Elles se manifestent par des symptômes variés tels que douleurs abdominales, diarrhées, constipations, sang dans les selles, ballonnements, flatulences, fatigue, perte d’appétit etc. Cet article présente trois troubles : le syndrome de l’intestin irritable, la colonisation bactérienne chronique de l’intestin et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Il propose des plantes pour faciliter leur prise en charge ainsi que des conseils alimentaires afin d’améliorer la qualité de vie des personnes concernées.
Quelles sont ces maladies si invalidantes ?
Syndrome de l’Intestin Irritable (SII)
Également connue sous le nom de colopathie fonctionnelle, cette maladie est encore mal comprise. Les principaux symptômes sont des ballonnements, des spasmes douloureux ainsi qu’une perturbation de la motricité intestinale (constipation, diarrhée). Le malade présente une hypersensibilité intestinale avec altération de l’étanchéité de la muqueuse et le microbiote semble perturbé (dysbiose). Le SII peut être déclenché ou exacerbé par le stress, les gastro-entérites, des facteurs psychologiques, les habitudes alimentaires. Il peut être associé à d'autres affections comme des maladies articulaires, la fibromyalgie et d’autres pathologies digestives additionnelles comme le SIBO, des aphtes, une hépatite etc...
Colonisation bactérienne chronique de l’intestin (SIBO - Small Intestinal Bacterial Overgrowth)
Elle est définie par la présence excessive de bactéries anormales, provenant souvent du côlon, dans l'intestin grêle. Les anomalies anatomiques de ce dernier, l'hypochlorhydrie gastrique, les troubles de la motricité intestinale et les déficits immunitaires sont des facteurs favorisant la migration et l’installation de ces micro-organismes.
Les symptômes entre SIBO et SII peuvent être très proches et le diagnostic sera difficile à établir. D’autres affections peuvent être présentes comme la maladie cœliaque, l’obésité, les MICI, le SII, le RGO (Reflux Gastro-Oesophagien), la fatigue chronique ou encore la fibromyalgie.
Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin (MICI)
Ces pathologies telles que la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (RCH), se caractérisent par une inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif. Elles résultent d'une combinaison complexe de facteurs environnementaux, de susceptibilité génétique et de réactivité immunitaire particulière. Ces facteurs interagissent pour modifier, là aussi, le microbiote. L'environnement, y compris la pollution, et l'alimentation, notamment certains additifs alimentaires, ou encore la prise d’antibiotiques auraient une incidence sur la prévalence de ces maladies. Elles évoluent par poussées inflammatoires avec des phases de rémission et se distinguent par leur localisation, leurs complications, leurs symptômes et leurs réponses aux traitements.
La place des plantes
Inflammations, spasmes, altération de la perméabilité, dysbiose : ces affections partagent de nombreux symptômes. Une approche très personnalisée sera nécessaire pour accompagner chaque individu en fonction de ses spécificités. Il est crucial de reconnaître que chaque cas est unique : une approche holistique devient essentielle. Cependant, il est impératif de souligner que les consultations médicales et le suivi professionnel demeurent indispensables. Les plantes ne doivent en aucun cas remplacer un traitement mais peuvent s'inscrire en complémentarité.
Des plantes adoucissantes
Mauve (Malva sysvestris)
Mauve (Malva sysvestris)
La mauve est une alliée précieuse pour le confort intestinal. Grâce à ses mucilages émollients, elle offre un soutien en cas de constipation ou de diarrhée.
Elle est aussi traditionnellement utilisée pour soulager les douleurs abdominales d'origine digestive.
Guimauve (Althaea officinalis)
Guimauve (Althaea officinalis)
La guimauve est traditionnellement utilisée, y compris sur le long terme, pour le traitement symptomatique des troubles gastro-intestinaux. Elle agit comme un émollient, soulageant l'inflammation bénigne de la muqueuse gastro-intestinale.
Des plantes anti-inflammatoires
Réglisse (Glycyrrhiza glabra)
La réglisse est utilisée pour faciliter la digestion et soulager les symptômes digestifs tels que brûlures d'estomac et dyspepsie. Elle est également employée dans la prévention et le traitement des ulcères, ainsi que dans le soulagement des affections inflammatoires du tube digestif chez l'adulte. De plus, elle agit comme un agent anti-inflammatoire dans l’accompagnement des réactions allergiques, des rhumatismes et de l'arthrite.
Safran (Crocus sativus)
Utilisé pour accompagner les douleurs abdominales et les troubles digestifs, le safran stimule l'appétit et agit comme un antispasmodique. Ses bienfaits vont au-delà, contribuant à abaisser la tension nerveuse, réduire l'agitation, et diminuer l'irritabilité, offrant ainsi un soutien complet. Étant donné les désagréments causés par les affections intestinales, le stress et la détresse qui y sont associés, l'action du safran sur le système nerveux peut se révéler bénéfique pour améliorer la qualité de vie des personnes concernées.
Des plantes antispasmodiques
Menthe poivrée (Mentha piperita)
Menthe poivrée (Mentha piperita)
La menthe poivrée accompagne les spasmes gastro-intestinaux et l’inflammation des muqueuses. Également stomachique et carminative, elle est traditionnellement utilisée pour faciliter la digestion, calmer les douleurs digestives, les flatulences et les ballonnements. Anti-infectieuse, elle peut avoir un effet positif sur la dysbiose, et limiter les diarrhées.
Anis (Pimpinella anisum)
Plante carminative renommée, elle est employée pour soulager les troubles gastro-intestinaux spasmodiques légers tels que les ballonnements, les flatulences et la dyspepsie. Elle est également reconnue pour son efficacité dans l’accompagnement des douleurs abdominales d'origine digestive et dans le soutien de la production de sucs digestifs.
Mélisse (Melissa officinalis)
La mélisse aide à maintenir une fonction intestinale normale en soulageant les crampes et en favorisant une digestion confortable. Grâce à ses propriétés apaisantes, elle contribue également à réduire la tension nerveuse, l'agitation et l'irritabilité.
Des plantes apéritives légères
Camomille matricaire (Matricaria chamomilla)
Camomille matricaire (Matricaria chamomilla)
Eupeptique, carminative, anti-inflammatoire et antispasmodique, la camomille matricaire est traditionnellement utilisée pour faciliter la digestion, soulager les spasmes gastro-intestinaux et les troubles inflammatoires du tractus digestif. Elle accompagnera dyspepsie, flatulences, ballonnements, éructations et diarrhées. Elle possède aussi des propriétés apaisantes favorisant le sommeil. De plus, elle peut être utilisée pour soutenir naturellement l'immunité du corps. Elle offre une action bénéfique complète sur la santé digestive.
Achillée Achillea millefolium
Achillée millefeuille (Achillea millefolium)
Grâce à ses propriétés toniques amères, cholagogues et cholérétiques, l'achillée millefeuille stimule la digestion. Son action anti-inflammatoire contribue à soulager les douleurs. Elle accompagne les ballonnements, les flatulences et les maux dyspeptiques.
D’autres pistes à explorer
La ronce (Rubus fructicosus)
La feuille de ronce est utilisée traditionnellement contre la diarrhée en raison de ses propriétés astringentes. Les tanins qu'elle contient resserrent les tissus intestinaux, aidant ainsi à réduire les sécrétions excessives.
Le psyllium (Plantago ovata)
Très riche en mucilages, cette espèce de plantain, qu’on appelle également ispaghul, peut soulager les symptômes de constipations et de diarrhées. Il facilite et régule le transit.
Le curcuma (Curcuma longa)
D’une part il soutient et facilite la digestion, et d’autre part il est connu pour être un grand anti-inflammatoire.
La gemmothérapie de noyer (Juglans regia)
Son bourgeon est le favori en cas de pathologies liées aux intestins. Il apparaît comme un grand protecteur de la muqueuse intestinale, rempart contre les agents pathogènes. Il s’opposerait au déséquilibre de la flore, en exerçant une action anti-inflammatoire.
La place de l’alimentation
Selon l'état de santé intestinal, de nouvelles habitudes alimentaires peuvent être nécessaires. L'objectif est de réduire l'inflammation en évitant les aliments déclencheurs de symptômes sévères, puis de les réintroduire progressivement sous supervision médicale. Ces ajustements doivent être surveillés pour éviter d'aggraver les symptômes ou de causer des carences nutritionnelles
Avec les prébiotiques
Jusqu'à ce que l'équilibre du microbiote soit rétabli, l'utilisation de prébiotiques pourrait favoriser la croissance des micro-organismes indésirables. Par conséquent, les aliments riches en fibres fermentescibles, les FODMAPs (fermentable oligo-, di-, monosaccharides and polyols), pourraient être temporairement exclus de l'alimentation. Leur consommation est souvent associée à une exacerbation des symptômes. Cela inclut les céréales, les légumineuses, de nombreux fruits, les légumes racines, les choux, ainsi que certains légumes verts comme les poireaux, les artichauts, les asperges ou encore les pissenlits.
Avec les glucides
Pour les mêmes raisons, les aliments riches en glucides, en sucres raffinés et en amidon pourront être exclus. Cela inclut les céréales, les produits laitiers, les produits transformés et ultra-transformés, ainsi que les sucreries et les sodas. De plus, les personnes souffrant de troubles intestinaux présentent souvent une hypersensibilité au gluten, un mélange de protéines présent dans le blé. L'élimination des céréales contribuera à atténuer ce phénomène.
Avec les probiotiques
Avant de pouvoir réintroduire des aliments favorisant la diversité du microbiote, tels que le kéfir, le kombucha, le yaourt et les jus lacto-fermentés, il est essentiel de s'assurer que les symptômes digestifs douloureux ont disparu. En effet, la prise de probiotiques peut les aggraver si la maladie n'est pas correctement traitée.
Pourquoi pas une alimentation méditerranéenne ?
Réputée pour ses propriétés anti-inflammatoires, elle peut être adoptée pour stabiliser les personnes une fois les symptômes aigus disparus. En incluant des légumes à chaque repas, de l'ail, de l'huile d'olive, des céréales complètes, des poissons gras, des légumineuses et des produits frais de saison, cette approche diététique pourrait contribuer à limiter les rechutes.
Les maladies intestinales, telles que le SIBO, le SII et les MICI, représentent un défi complexe pour les patients et les professionnels de la santé. Ces affections partagent des troubles souvent proches, et leurs diagnostics reposent sur des méthodes spécifiques. Dans ce contexte, la consultation médicale demeure un pilier fondamental pour une prise en charge adéquate. L'intégration de plantes médicinales peut compléter le traitement, offrant un soutien naturel pour favoriser le bien-être.
Claire Mison, praticienne en Herboristerie traditionnelle