Calendula officinalis : une plante du Soleil

Également connu sous le nom de souci officinal ou souci des jardins, c’est une plante herbacée qui appartient à la famille des Astéracées. Originaire du sud de l'Europe, cette fleur solaire et éclatante a suscité beaucoup d’admiration. Elle s’utilise depuis des siècles en raison de ses multiples vertus. Au-delà de sa beauté florale, le calendula possède une histoire. Son étymologie, ses légendes, ses symboles, sa phytothérapie ont été étudiés et appréciés à travers les âges. De plus, il révèle aussi un potentiel culinaire, permettant d'agrémenter divers plats avec ses pétales aux teintes chaudes et lumineuses. Découvrons ensemble cette plante vivace alliant beauté, mythologie et intérêts ethnobotaniques.

D’où viennent tous ces noms ?

Nous parlons de phytonymie lorsque nous étudions l’origine des noms donnés aux plantes.

Le nom de genre Calendula proviendrait du latin calendae, premier jour du mois chez les Romains. En effet, selon le calendrier romain, le souci fleurit dès la fin de l’hiver puis jusqu’à l’automne. Son nom vernaculaire souci n’a rien à voir avec le mot tracas (ce « souci » là proviendrait du latin sollicitare, tourmenter, préoccuper) mais dérive du latin solsequia « qui suit le soleil » ou solis cyclus « cercle de soleil ». Pour cause, ses capitules s’ouvrent le matin pour se refermer en fin d’après-midi, à l’heure du thé diront les anglais. Dans le texte règlementaire du capitulaire de Villis ordonné par Charlemagne à la fin du VIIIème siècle, le souci est retrouvé sous le nom de solsequia. Plus tard, en 1751, Carl Von Linné proposera le souci pour indiquer 9h du matin dans son horloge florale.

L’épithète officinalis quant à lui caractérise les plantes qui font partie de la pharmacopée.

Comment le reconnaître

Description botanique générale

Le calendula se caractérise par ses tiges dressées qui atteignent généralement une hauteur de 30 à 60 centimètres. Les feuilles sont alternes, de forme lancéolée, et ont une texture légèrement veloutée au toucher.

Plante de la famille des Astéracées, ses fleurs sont regroupées en capitules de type radié : les fleurs tubulaires sont situées au centre du capitule, tandis que des fleurs ligulées, qui ressemblent à des pétales, forment les rayons extérieurs. Elles sont toutes de couleur orangée, à la différence de la marguerite et de la pâquerette par exemple, dont les fleurs ligulées externes sont blanches tandis que les fleurs centrales tubulées sont jaunes.

Stratégie de dissémination des graines, une particularité du calendula

Les fruits sont des akènes, un type de fruits secs, mais avec trois morphologies différentes :

-          au centre, ils sont généralement courbes et possèdent des aspérités. Ceux-ci tomberont au sol par gravité.

-          en périphérie, ils sont plus grands et sont soit aplatis et munis de petites ailes pour être disséminés par le vent, soit couverts d’excroissances qui leur permettent de s'accrocher à différents supports tels que les poils des animaux ou nos vêtements.

En botanique, pour décrire cette hétérogénéité nous parlerons de plante hétérocarpique, le terme carpos signifiant « fruit ».

Cette stratégie de dissémination augmente les chances de colonisation de nouveaux habitats !

Une plante mythologique

Quatre nymphes étaient éperdument amoureuses d’Apollon, dieu de la beauté, des arts et de la lumière. Leur obsession les distrayait tant de leurs devoirs envers la déesse Artémis, sœur d’Apollon, que cette dernière, vexée par ce comportement, décida de les punir. Elle les métamorphosa en quatre modestes fleurs blanches. Lorsqu'Apollon vit ces fleurs sans éclat, il en fut si attristé qu’il décida d'intervenir. Avec des rayons de soleil, il les colora, leur donnant une teinte orange éclatante. Il s’arrangea pour que les capitules du souci tournent leur tête en suivant la course du soleil afin de conserver leur couleur.

Captivé par cette beauté, Zeus, père d’Apollon, décida d’honorer la dévotion des nymphes en associant la gloire, la vitalité, le bonheur, la joie, le soleil, ou encore la chaleur au calendula.

Depuis, la présence de cette plante dans les jardins est considérée comme une bénédiction de Zeus et un hommage à Apollon.

Il est à noter qu’à cette époque Calendula officinalis, espèce cultivée, était inconnue. L’espèce considérée est probablement Calendula arvensis qui pousse spontanément en Europe du Sud. Présent sur presque tout notre territoire, ce calendula sauvage autrefois commun dans les vignes et les moissons a fortement décliné en raison des pratiques agricoles intensives et de l'utilisation de produits phytosanitaires.

Une plante comestible

Ses fleurs lumineuses peuvent être utilisées dans divers plats et préparations.

Elles peuvent être consommées crues, ajoutées en garniture à des salades, des soupes ou des plats froids. Les pétales apportent une touche de couleur avec leurs nuances orangées. Ils peuvent également être utilisés pour décorer des gâteaux, des biscuits et d'autres pâtisseries.

Il convient de noter que, selon les sources, seules les fleurs seraient comestibles.

Certains auteurs rapportent un usage alimentaire pour les feuilles de Calendula arvensis. En Crête, ce sont bien les feuilles des deux espèces qui seraient consommées en salade. Les fleurs orange, une fois sèches, y sont même utilisées chez les plus modestes comme du safran.

Le calendula aurait été utilisé comme colorant alimentaire naturel pour donner une teinte dorée aux aliments, tels que les fromages, les beurres ou les sauces.

Comme pour toute plante comestible, il est essentiel de faire preuve de prudence et de vérifier s'il existe des contre-indications ou des allergies spécifiques avant de l’utiliser.

De plus, il est recommandé aux personnes sensibles aux Astéracées d'éviter tout contact direct avec ces plantes ! Des allergies peuvent être causées par la présence de composés spécifiques, tels que les lactones sesquiterpéniques présentes dans les différentes parties des plantes de cette famille. Ils peuvent provoquer des symptômes tels que des démangeaisons, des éruptions cutanées, des rougeurs, des gonflements et des irritations au contact de la peau.

Composants chimiques et propriétés médicinales

C’est une plante qui possède une composition chimique intéressante, à l'origine de ses propriétés médicinales reconnues depuis longtemps. Ce sont les capitules qui s’utilisent traditionnellement.

La présence de flavonoïdes comme la quercétine et l'isorhamnétine, confère des propriétés antioxydantes, celles des terpénoïdes, des propriétés anti-inflammatoires et cicatrisantes. Ces composés peuvent contribuer à réduire l'inflammation et à favoriser la régénération des tissus. Le calendula est donc un ingrédient très intéressant dans les produits de soin de la peau.

Ce n’est pas tout ! Des caroténoïdes, notamment le bêta-carotène, la lutéine et le zeaxanthine, sont eux aussi présents. Ils sont responsables de cette couleur orange. Les caroténoïdes sont des pigments naturels qui agissent comme des antioxydants cellulaires et cytoprotecteurs, en protégeant la peau contre les dommages causés par les rayons du soleil par exemple.

Le calendula renferme également des acides phénols, des coumarines, des polysaccharides, des saponosides ou encore des quinones.

Enfin, on prête enfin des propriétés sédatives du système nerveux, anti-infectieuses, digestives ou encore emménagogue à cette plante très polyvalente !

Utilisation en phytothérapie 

La voie interne

Il sera possible d’utiliser le calendula dans l’accompagnement des ulcères gastro-intestinaux, des gastrites et de tous les troubles digestifs d’origine inflammatoire.

Dans ce cas, il pourra être associé à la mélisse (Melissa officinalis) et à la camomille matricaire (Matricaria chamomilla). Pendant 21j matin et soir, en dehors des repas, prendre 15 gouttes de chacun des trois extraits hydro-alcooliques. A renouveler si besoin après 7 jours d’arrêt.

Pour accompagner les dysménorrhées et réguler le cycle menstruel, il peut être proposé en association avec du framboisier (Rubus idaeus) et de l’Achillée millefeuille (Achillea millefolium).

Allié à la sauge officinale (Salvia officinalis) et à la verveine officinale (Verbena officinalis), il pourra être recommandé pour limiter les effets indésirables liés à la ménopause.

En cas d’épilepsie ou de pathologie hépatique, demander conseil à un professionnel de santé avant l’utilisation de Calendula officinalis par cette voie. Pendant la grossesse et l’allaitement elle sera déconseillée.

La voie externe

Anti-inflammatoire, anti-infectieux et cicatrisant, l’usage externe du macérât huileux de calendula est particulièrement indiqué dans les problèmes cutanés tels que boutons, acné, impétigo, eczéma, brûlures et même des verrues. Très bien toléré par les peaux fragiles, ce macérât soulage aussi les érythèmes fessiers des nourrissons, les mamelons douloureux des jeunes mamans ou encore les coups de soleil.

A noter que l’extrait hydro-alcoolique peut être utilisé en bains de bouche en cas de douleurs dentaires ou de névralgies faciales.

Doté d'une longue histoire d'utilisation traditionnelle et d'une reconnaissance scientifique croissante, le calendula a conquis une place de choix dans la phytothérapie.

Son attrait va bien au-delà de sa beauté éclatante. Mythologie et symboles qui l'entourent, témoignent de son importance culturelle et spirituelle. C’est est un trésor de la nature méritant notre attention et notre reconnaissance. Que ce soit pour embellir nos jardins, agrémenter nos plats, soulager nos maux par son action cicatrisante et anti-inflammatoire, ou simplement nous rappeler la puissance bienfaitrice de la nature et la sagesse transmise par la tradition, le calendula incarne un lien précieux entre l'homme et le règne végétal.

Veuillez noter que ces conseils d'utilisation sont donnés à titre informatif. Il est recommandé de consulter un professionnel de la santé avant d'entreprendre tout traitement à base de plantes, notamment en cas de symptômes persistants ou de réactions indésirables.

Claire Mison, praticienne en Herboristerie traditionnelle