Laurier noble - Extrait de Plante fraîche Bio
Les plantes médicinales dans la mythologie grecque
Contes, légendes et mythes se sont développés dans toutes les civilisations à des époques où la médecine se confondait avec les croyances religieuses et la magie. Au travers de la mythologie, l’imagination permet de donner du sens à l’invisible et à l’inexplicable. Nous retrouvons dans ces récits non seulement l’usage de plantes médicinales, mais également des termes de notre vocabulaire contemporain ainsi que des pratiques traditionnelles.
Dans la Grèce antique, 700 ans avant Jésus Christ, Hésiode écrit la Théogonie, ouvrage fondateur de toute la mythologie grecque. Ce récit raconte la création du monde et la naissance des dieux, et avec eux, les premières médecines végétales.
La descendance d’Apollon au service de la santé et de la guérison
Asclépios, dieu de la médecine
Fils d’Apollon et petit-fils de Zeus, Asclepios reçu du centaure Chiron l’art de guérir les maladies. Sa puissance était si grande qu’il parvenait même à ressusciter les morts. Avec Epione, déesse de la santé, il eut de nombreux enfants, tous étroitement reliés à la médecine.
Les 5 filles d’Asclépios, déesses de la guérison
Acéso (dédiée au processus de guérison), Eglé (dédiée à la santé recouvrée), Hygie (dédiée à l’hygiène), Iaso (dédiée à la maladie et à la convalescence), Médritine (la guérisseuse) et Panacée (dédiée aux plantes médicinales). Toutes évoquent la dynamique de l’état de santé et les étapes par lesquelles nous passons pour retrouver l’équilibre et le conserver. Ces principes se retrouvent encore aujourd’hui dans la pratique traditionnelle de la naturopathie et de l’herboristerie.
Quelques plantes chargées de mythologie
De bien nombreux mythes mettent en scène Apollon et ses descendants. Dans les cultes voués à cette famille de dieux de la santé les hommes chantent des péons, dont l’étymologie est la même que celle de la pivoine. Apollon confiera l’éducation d’Asclépios au centaure Chiron. Là aussi, vous devinerez une étymologie commune entre centaure et centaurée. Et la couronne de laurier qui coiffent les vainqueurs, saviez-vous que c’est à Apollon que nous le devons ?
La pivoine – Paeonia sp. : la mère de la phytothérapie
Dans la mythologie
Ce nom de genre est lié à Paéon, médecin personnel des dieux. Les dieux se querellaient beaucoup, occasionnant de multiples blessures. Il soigna notamment celles de Zeus, Arès et Hadès avec un baume médicinal à base d’une racine végétale. Lorsqu’Asclépios apprit les compétences de Paéon, vexé, il voulut le tuer. Zeus protégea Paéon en le métamorphosant en un magnifique arbuste aux fleurs chatoyantes : la pivoine. Paéon pourrait être considéré comme le premier personnage à disposer de la connaissance de la phytothérapie et sa plante, la pivoine, comme la première plante médicinale utilisée.
Avec le temps, le mot péan a été utilisé pour nommer un hymne poétique et chanté dédié aux dieux, à Apollon le plus souvent, parfois à Hygié également. L’étymologie de Paéon et de péan provient du grec païnios qui signifie « en rapport à un chant solennel ».
Aujourd’hui, en phytothérapie
Originaire du sud de l’Europe Paeonia officinialis se cultive dans nos régions à des fins ornementales.
Sa racine est sédative, antispasmodique, anti-inflammatoires et emménagogue. C’est une plante qui accompagne les cycles féminins irréguliers, le syndrome des ovaires polykystiques ou encore les règles douloureuses et abondantes. Elle provoque également la délivrance du placenta chez la femme parturiente. La pivoine aurait d’ailleurs surgi dans la chambre d’Artémis, la sœur jumelle d’Apollon, après son accouchement. La pivoine est déconseillée pendant la grossesse.
Son emploi étant très délicat, nous avons peu à peu abandonné l’usage médicinal de cette plante alors que Paeonia lactiflora, espèce voisine, est encore très employée par la Médecine Traditionnelle Chinoise.
La petite centaurée – Centaurium erythraea : la panacée du centaure Chiron
Dans la mythologie
De la famille des Gentianacées, cette petite plante annuelle ou bisannuelle est aussi appelée herbe au Centaure, herbe à Chiron. Ce centaure, contrairement aux autres, était sage et bienveillant. Il connaissait l’art de la médecine et n’eût pas qu’Asclepios comme disciple mais aussi Jason, Actéon et Achille. Le nom Chiron pourrait avoir la même racine étymologique que le mot chirurgie. Il s’agirait du mot Grec kheir qui signifie « main » et qui évoque l’habileté.
Le sage centaure aurait employé la petite centaurée pour guérir les blessures. Fébrifuge, cicatrisante, anti-inflammatoire et tonique amère, elle s’employait en interne et en externe. Longtemps elle fût considérée comme une panacée et employée dans des thériaques. Ce terme, panacée, qui est le nom d’une des filles d’Asclépios, est entré dans le langage commun et s’utilise pour décrire une plante médicinale qui s’emploie comme un remède universel.
Aujourd’hui, en phytothérapie
C’est surtout pour les vertus de ces principes amers que la phytothérapie de petite centaurée est utilisée. Comme sa lointaine cousine, la gentiane jaune (Gentiana lutea), la petite centaurée contient des séco-irridoïdes qui stimulent les sécrétions digestives. Elle sera employée principalement lors d’atonie digestive, de dyspepsie et de douleurs gastriques mais aussi lors de grosse fatigue, d’anémie ou pendant la convalescence. La petite centaurée ne devra pas être utilisée par les personnes souffrant d'ulcères de l'estomac ou du duodénum.
L’élixir floral de centaurée aidera les personnes hypersensibles aux influences et qui manquent de confiance en elles au point de ne jamais savoir dire non. Pour vous accompagner dans l’apprentissage de l’affirmation, dans l’émergence de votre propre personnalité, vous pouvez commencer par prendre 3 gouttes 3 fois par jour en dehors des repas directement sous la langue. Travaillez par cure de 3 semaines, à renouveler si nécessaire après une semaine d’arrêt.
Les dénominations binomiales Centaurium umbellatum et Erythraea centaurium sont toutes deux des synonymes de Centaurium erythraea.
Le laurier – Laurus nobilis : le culte d’Apollon
Dans la mythologie
Aux abords du Mont Olympe, Apollon tomba amoureux d’une jeune nymphe prénommée Daphné. Afin d’échapper à cet amour la nymphe supplia son père, le dieu-fleuve Pénée, de l’aider. Pénée métamorphosa Daphné en laurier. En grec, le nom daphnê désigne encore le laurier. Pour se consoler de cette infortune, Apollon en fit son arbre de prédilection et le rapporta à Delphes. La Pythie se mit à mâcher des feuilles de laurier pour sa pratique des arts divinatoires au nom d’Apollon. Les temples dédiés à Apollon étaient balayés avec des branches de laurier pour en purifier l’accès. Cet arbre remplaça le chêne yeuse dans la confection des couronnes utilisées pour les jeux pythiques tenus tous les quatre ans en l’honneur d’Apollon. La tradition de couronner les vainqueurs avec du laurier perdura. Au moyen-âge les savants et les étudiants se voyaient couronnés aussi ainsi. Cela donna les mots baccalauréat et bachelier, bacca laurea signifiant baie de laurier en latin. Hygie, fille d’Asclépios dédiée à l’hygiène, est souvent représentée avec une couronne de laurier dans la main.
Aujourd’hui, en phytothérapie et en aromathérapie
La phytothérapie de laurier est traditionnellement utilisée pour ses propriétés digestives et stomachiques. Depuis l’Antiquité il s’utilise d’ailleurs énormément en cuisine. Il contient des lactones sesquiterpéniques amères comme chez de nombreuses plantes de la famille des Astéracées.
Par voie externe son huile essentielle anti-inflammatoire, antispasmodique et antalgique pourra être diluée à 10% dans un macérât huileux d’arnica afin d’accompagner les douleurs ostéo-articulaire et musculaire. Ce soin est à pratiquer matin et soir sur une peau propre et sèche pendant 21 jours après avoir procédé à un test de tolérance cutané au pli du coude. Vous pouvez également ajouter 1 goutte d’huile essentielle pour 4 pulvérisations de macérât huileux dans la paume de la main au moment de l’application. Avec toute sa symbolique, cette huile de massage à l’huile essentielle de laurier vous aidera également à vous tenir droit, tel un vainqueur. Pour compléter cette cure il est possible d’utiliser le complexe Articulolys. Il est spécialement formulé avec des plantes et des bourgeons qui participent au soulagement des articulations douloureuses.
Au travers de ces trois plantes vous pouvez entrevoir à quel point la mythologie grecque est une grande source de connaissance des usages traditionnels de nos plantes médicinales.
Ces exemples illustrent leur puissance mais aussi l’imagination et la fascination qu’elles suscitent depuis longtemps chez l’homme. Là où la science ne peut donner d’explication, un conte nait.
Claire Mison, praticienne en Herboristerie traditionnelle